Gaël Even, la Nature avant tout

C’est à Rotterdam, lors du Gunki Iron Tournament 2018, que nous avons eu l’occasion de rencontrer Gaël Even. Gaël participait à ce tournoi de street fishing aux côtés de l’Allemand Marc Ptacovsky et du Japonais Toshiro Ono, fondateur de Jackall. Derrière sa sympathie et sa grande pédagogie, Gaël est assurément l’un des pêcheurs les plus charismatiques en France. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur son parcours et sa vision de la pêche.

Bonjour Gaël, question incontournable à laquelle tu as dû répondre des centaines de fois mais qui pose quand même les bases de notre passion commune … Quand et comment as-tu découvert la pêche ?

Bonjour, j’ai découvert la pêche tout gamin. Mon père m’emmenait avec lui pour pêcher les truites au toc, les blancs au coup et un peu plus tard les brochets à la cuillère.

À quel moment t’es venue l’idée d’en faire ton métier ?

Quand j’ai commencé à passer plus de 50 jours par an sur des salons, compétitions et autres évènements liés à la pêche.

Certains de nos jeunes lecteurs envisagent peut-être de suivre ta voie à cet instant précis. Pourtant, il n’est pas toujours évident de concilier passion et travail, quels conseils pourrais-tu leur apporter à partir de ta propre expérience ?

Il n’y a rien de plus sympa que de vivre de sa passion. Néanmoins, les places sont assez limitées et je pense qu’il est plus sérieux de suivre un cursus scolaire qui débouche sur de multiples opportunités et de faire le choix par la suite.

Gael Even nous présente un gros brochet

Tu as une passé une formation de moniteur guide de pêche, et tu es également intervenu comme formateur auprès des futurs guides de pêche ? Quelles sont les qualités requises et les aspects à travailler pour devenir un bon guide ?

Un bon guide doit bien connaître son territoire, être pédagogue, savoir adapter sa prestation au niveau de son client et le faire progresser. Le plus difficile selon moi est de bien cerner les attentes du client pour y répondre au maximum. NB : Les guides ne sont pas non plus des magiciens…

Quand on lit tes articles ou qu’on t’écoute parler de pêche, on perçoit une grande part d’observation et de connaissance du biotope. Comment apprends-tu ?

Je suis opportuniste, je prends toutes les infos que je peux ! Bouquins, internet, rencontres avec des scientifiques, échange avec des techniciens de fédé. J’analyse et assimile les infos pour ensuite les mettre en corrélation avec mes observations sur l’eau.

Prends-tu des notes sur tes différentes sorties et t’arrives-t-il de constater des liens entre activité et conditions climatiques ? D’autres facteurs te semblent-ils importants ?

J’ai pris des notes, il y a bien longtemps… Bien entendu, il y a des liens entre les conditions climatiques, la couleur de l’eau, sa température, la saison… Et tout un tas d’autres paramètres. C’est bien là le problème, il y a tellement d’inconnues dans cette équation que l’on ne peut pas préjuger des résultats d’une sortie. Avec de l’expérience on arrive à limiter considérablement les surprises mais pas totalement. La part d’incertitude donne à la pêche une dimension que beaucoup d’autres loisirs ou passions n’ont pas.

Toutes ces années passées au bord de l’eau t’ont mené à faire de la compétition. Peux-tu nous rappeler ton palmarès et nous expliquer ce qui te plait dans ce milieu ?

Je ne connais pas mon palmarès, j’y accorde très peu d’importance. Pour faire simple, j’ai trois médailles en championnat du monde et remporté plusieurs fois le circuit national ainsi que le Challenge interdépartemental. J’ai fait de la compétition avant tout pour passer de bons moments avec mon ami d’enfance Sylvain Legendre. J’y ai rencontré des tas de personnes géniales avec qui j’ai sympathisé. Ce qui me plait dans une compétition de pêche, c’est que l’on ne se mesure pas aux autres, on se mesure à soit même et à son expérience. Seuls nos choix et notre maitrise technique vont déterminer le classement. Les autres sont là pour montrer qu’il y avait d’autres options et par conséquent nous faire avancer dans notre analyse d’un milieu à un moment donné.

Gael Even en mer

On a l’impression que d’un pays à l’autre, l’esprit des compétitions et des compétiteurs diffère. Qu’en est-il sur le terrain ?

Oui et non. Il peut y avoir des enjeux différents, des règles différentes, un engouement différent. Mais un pêcheur reste un pêcheur, une fois au bord de l’eau, seul le poisson compte pour tous !

Penses-tu que le circuit doive évoluer en France pour atteindre l’engouement que connaissent certaines manifestations dans d’autres pays ?

C’est difficile à dire, je pense que le circuit doit en effet évoluer mais que les milieux ne permettent pas d’offrir à l’heure actuelle de la pêche qui fait « rêver ». Alors tant que nous n’avons pas les populations de poissons qui vont de pair avec un véritable cheptel de beaux poissons, il est inutile de viser trop haut…

Que ce soit en guidage ou en compétition, tu es souvent amené à pêcher à plusieurs. T’arrive t’il de pêcher seul de temps en temps et qu’est ce que cela te procure de différent ?

J’aime pêcher avec du monde. Quand je pêche seul, le plus souvent c’est pour faire des tests et vérifier des hypothèses. Il m’arrive quelques fois de craquer et d’y aller juste pour prendre plein de poissons sur une technique que je maîtrise. Je me mets alors dans une sorte de bulle et pêche machinalement.

Pour toi, qu’est ce qu’une journée de pêche réussie ?

La réussite d’une partie de pêche est très variable. Je dirai que si j’ai compris comment prendre les poissons et qu’il y en a pas mal qui sont venus me rendre visite c’est réussi. Si en plus, je suis avec des amis alors c’est encore plus réussi.

Gael Even pêche le Bar

Tu as bien un poisson préféré ?

J’aime beaucoup les salmonidés et les migrateurs en particulier. Mais les sandres, brochets, perches, black bass, bars et autres prédateurs me font rêver tout autant.

Comment expliques tu le fait qu’on puisse continuer à être passionné par un poisson qu’on a déjà pêché de nombreuses fois ?

Plus on prend un poisson, mieux on cerne ses différents comportements, mais il y a des sorties plus compliquées que d’autres. C’est celles-ci qui mettent du piment dans une saison de pêche. Si on trouve la clef dans ces conditions, la satisfaction n’en est que plus grande.

Quel nouveau poisson rêves-tu de prendre ?

À chaque fois le suivant, le plus rapidement possible…

Que penses tu du concept mis en place par FishFriender, à savoir digitaliser le bon vieux carnet de pêche ?

Je pense que c’est un très bonne chose pour le pêcheur qui a encore un peu de mal à analyser sa pêche et l’évolution des comportement de chaque espèce au fil de saisons.

Pêche du Sandre avec Gael Even

Une idée pour promouvoir une pêche durable et valoriser les territoires ?

Oui, il faut absolument créer des milieux dans lesquels on produit et on protège les poissons trophées. Les pêcheurs vont en Irlande, en Suède, en Espagne pour prendre des gros brochets, pas des brochets de 60… Quand on comprendra cela en France on changera nos modes de gestion.

Pour finir, Gaël Even a il d’autres passions que la pêche ? Des choses qui lui tiennent à coeur ?

J’aime la nature, je suis de ceux qui s’émerveillent encore de l’ambiance d’un lever du jour, de ces odeurs, ces sons, ces lumières. Je tente à mon échelle de faire bouger les choses et de faire prendre conscience aux gens de la fragilité de l’équilibre des écosystèmes.

Je ne sais pas si on peut classer cela dans une passion mais j’aime ma famille et je suis énormément attaché aux relations humaines. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’amis avec qui partager des bons moments, je les remercie tous ici publiquement pour ces bons moments offerts régulièrement.

🐟  Une idée de sujet ou envie de contribuer au Blog FishFriender ? N’hésitez pas à nous contacter ! Et si vous allez pêcher ce week-end, n’oubliez pas de prendre des belles photos & d’enregistrer vos prises sur l’application FishFriender !  

1 réflexion sur “Gaël Even, la Nature avant tout”

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